05/09/2023

BMI: for-profit or not-for-profit?

BMI, la plus grande société américaine de gestion de droits d’auteur, serait en négociation avec la société d’investissement privée New Mountain Capital en vue d’un rachat par cette dernière. Depuis des semaines, la nouvelle fait grand bruit aux États-Unis dans les cercles des membres de BMI et au-delà.

La valeur de l’opération serait de 1,7 milliard de dollars. Si elle se concrétise, la gestion collective aux États-Unis subira une profonde métamorphose, dont les répercussions pourraient aussi se faire sentir ailleurs dans le monde. Outre le BMI, l’ASCAP opère également en Amérique sous la gouvernance de ses propres membres (auteurs et éditeurs), tandis que les sociétés plus petites SESAC et Global Music Rights sont en mains privées.

En tout état de cause, la gestion collective à but lucratif va à l’encontre des traditions et, selon beaucoup, comporte des inconvénients majeurs pour la position des auteurs en général et des membres des sociétés privatisées en particulier. Dans le cadre d’une éventuelle vente, des questions se posent donc sur le sort des recettes (iront-elles aux membres ou seulement aux nouveaux actionnaires ?), sur la répartition future des revenus de la gestion des droits (les membres seront-ils les seuls bénéficiaires ou une marge sera-t-elle également attribuée aux nouveaux propriétaires et, dans ce dernier cas, quelle sera son importance ?) ou sur les exigences d’une gouvernance saine et transparente.

Autre question épineuse est le fait que les organismes de gestion collective ne sont pas propriétaires des compositions qu’ils gèrent – ni des données qui y sont associées d’ailleurs. Les auteurs-compositeurs réunis au sein de groupes de défense et de syndicats tels que la Black Music Action Coalition, la Music Artists Coalition, les Songwriters of North America, l’Artist Rights Alliance et la SAG-AFTRA se demandent également si la BMI continuera à être ouverte à tous les compositeurs ou si elle ne permettra qu’aux auteurs les mieux réussis de s’affilier. Vous lisez plus sur leurs préoccupations dans cet article de Billboard ; ils ont de toute façon trouvé la réponse de BMI décevante, selon le dernier rapport de Billboard sur la question.

Son concurrent, l’ASCAP, profite quant à lui entretemps de l’engouement général pour se présenter comme la seule société encore qui se soucie de l’auteur-compositeur lui-même, et non du profit : CMU met en lumière leur campagne qui n’est évidemment pas dépourvue d’intérêt propre. Pour bien comprendre le paysage de la gestion collective aux États-Unis d’ailleurs, voir aussi le lemme « Est-ce-qu’il me faut l’autorisation de l’auteur original pour sortir une reprise ou une traduction d’une oeuvre musicale ? » dans notre base de connaissances